l'accouchement vu de l'intérieur
Les mois passent, les semaines, les jours. Votre bébé continue de grandir, de se nourrir à même votre souffle, votre sang, votre corps. À chaque instant, chacune de vos respirations apporte à votre bébé tout l'oxygène dont il a besoin. Imaginez votre bébé dans votre utérus en ce moment. Il flotte doucement dans le liquide tiède qui l'entoure, bercé par votre respiration et par vos mouvements, réconforté par les battements de votre coeur.
Essayez d'imaginer l'intérieur de votre utérus. Cela ne devrait pas être difficile : après tout, vous avez déjà séjourné vous-mêmes dans un utérus pendant neuf mois. Imaginez les parois souples et fermes qui protègent votre bébé, le placenta gorgé de sang et d'oxygène, le cordon qui les rattache , avec ses deux artères et sa veine assurant l'échange continu entre vous et lui. Quel organe extraordinaire que le placenta: il sait s'approvisionner selon ses besoins et se débarasser de ses déchets.
Imaginez l'intérieur de votre vagin. Les cellules qui s'étirent et deviennent de plus en plus souples. Vous pouvez peut-être même déjà sentir cette flexibilité qui augmente : les cellules roses, fortes, robustes, qui s'assouplissent continuellement et s'ouvrent de plus en plus, vers les dernières semaines de la grossesse. Tout ce travail d'assouplissement, d'ouverture, d'abandon vous fait vraiment percevoir la grande sagesse du corps, qui se libère de la fatigue, du stress, pour faire graduellement plus de place à la relaxation, sur le chemin qu'empruntera votre bébé.
Votre corps sait non seulement comment nourrir un bébé par le placenta, mais aussi comment le mettre au monde. Et, tout comme vos organes ont su s'adapter, se déplacer pour faire place au bébé, tout ce que vous pourriez avoir besoin d'apprendre intérieurement vous viendra naturellement, sans effort de votre part. Votre routine quotidienne se déroule normalement, mais d'infimes changements s'opèrent graduellement et continuellement à l'intérieur de vous.
Si vous voulez bien, plutôt que d'imaginer le voyage qui s'en vient à travers des explications, des centimètres, des stades de l'accouchement, laissez- vous conter l'extraordinaire aventure de la naissance. Le texte qui suit pourrait vous servir de visualisation, de voyage guidé, que vous en fassiez la lecture vous-même ou qu'on vous la fasse. Les pointillés suggèrent une pause. Laissez monter en vous l'intensité que les images vous proposent, laissez-vous sentir l'accouchement.
D'abord, imaginez une sorte de tunnel dans le temps, qui vous permettrait de faire un saut dans le futur et de vous retrouver à ce moment parfait que votre bébé aura choisi pour naître...
Ce jour-là, ou cette nuit-là, vous sentez revenir périodiquement un serrement, une pesanteur dans le bas de votre ventre. Vous en avez peut-être senti souvent depuis quelques semaines, mais cette fois-ci, c'est différent. Ce sont les contractions! Comme elles deviennent plus présentes et régulières, vous vous rendez compte que vous êtes en début de travail. Votre corps et votre bébé ont commencé le processus de la naissance, exactement comme la nature l'avait prévu.
Vous parlez à votre bébé et lui dites combien vous êtes heureuse de savoir que, très bientôt, vous pourrez vous voir et vous toucher, peau à peau. Vous avez parlé à votre compagnon, qui partage votre excitation, à sa manière, et maintenant vous allez marcher un peu, ou continuer vos activités. Si c'est la nuit, vous vous rendormez jusqu'à ce que la force de vos contractions vous réveille à nouveau.....
Maintenant, il y a une contraction qui s'en vient, toute petite d'abord, comme le bruit d'un train qu'on entend arriver de très loin, et qui grandit et grossit, jusqu'à ce qu'il soit tout près de vous. Et vous sentez la tête de votre bébé qui plonge, vers le col, vers le bas de l'utérus, vers l'extérieur. Votre respiration vous emmène de plus en plus profondément là, exactement où cette pression se fait sentir. C'est votre souffle et la tête de votre bébé, ensemble, qui font ouvrir le col. Un peu. Un tout petit peu. Juste ce qu'il faut. Et tout doucement, vous pouvez sentir la contraction qui perd de sa force, comme un train qui vous a dépassé et qui repart vers le lointain.
À nouveau, c'est le silence, le grand et merveilleux silence qui vous apaise. Et vous vous reposez...Comme c'est bon, ce temps de repos! Vous en profitez pour bouger, marcher, vous étirer, parler avec ceux qui vous entourent. Ou peut-être faire le silence, vous recueillir, vous centrer. Vous attendez...
Maintenant, vous pouvez sentir la prochaine contraction qui arrive. Comme une belle grande vague. Pleine d'écume. Elle vient vous chercher et vous emporte sans que vous puissiez rien y faire sauf respirer et respirer. La tête de votre bébé plonge vers le col, pèse sur le col, lui demande de s'ouvrir, de lui faire de la place. Parce qu'il veut naître, cet enfant. Et c'est toujours votre souffle qui vous porte, qui vous transporte jusque dans le bas de votre ventre, pour aller dire oui, oui à la porte qui s'ouvre, à tout votre corps qui s'ouvre pour laisser passer votre bébé. Et vous pouvez bientôt sentir cette pression qui se relâche un peu. La vague qui se calme, qui vous ramène tout doucement au rivage. Parceque les vagues reviennent toujours au rivage. Les vagues reviennent toujours au rivage...
Son travail achevé, la vague se retire et vous ramène au rivage. Dans cet oasis de calme et de paix. Vous vous y bercez tranquillement, paisiblement, avec votre petit passager. Vous en profitez pour lui dire combien vous l'aimez, combien vous avez hâte de le serrer dans vos bras. Vous prenez le temps de goûter à tout l'amour qui vous entoure. Celui de votre compagnon, des gens qui sont avec vous. Vous pensez aussi à la tendresse de tous ceux qui vous aiment, en ce moment et qui se soucient de vous. Vous utilisez chaque instant de calme et de paix pour vous regénérer...
La prochaine vague vient vous chercher et elle est accompagnée d'une nouvelle sensation, d'une excitation différente aussi, d'une envie de pousser, de tout votre corps, de tout votre ventre. L'ordre vient directement de là, de l'intérieur. Et votre bébé descend, un petit peu, et franchit maintenant le col, qui s'était ouvert si grand, que votre bébé peut maintenant passer et s'engager dans votre vagin, le dernier couloir qui le sépare encore de la naissance. Et ça pousse, ça pousse tout seul, et votre corps suit spontanément. Chaque poussée, qui presse encore plus que tout à l'heure, fait descendre votre bébé. Vers le bas, vers l'extérieur, vers sa vie. Et vous vous abandonnez toute entière à ce mouvement de l'intérieur qui veut aider votre bébé à venir au monde....
Puis, la force diminue et vous quitte encore une fois, son travail terminé. Cette fois, le repos semble encore meilleur.
"Viens, viens mon bébé, je te sens venir enfin !"
Une énergie neuve vous habite, un fébrilité en même temps qu'une force tranquille. Vous avez chaud, vous avez soif, votre corps réclame une attention nouvelle, parcequ'il commence maintenant un travail nouveau: celui de pousser votre bébé, de le poussr au monde. Les gens autour de vous partagent votre excitation et la joie de savoir que votre bébé sera bientôt dans vos bras. Chaque instant de repos vous communique force et énergie...
Vous sentez encore une fois venir une pression, cette poussée. Vous la laissez monter jusqu'à ce qu'elle soit irrésistible. Et ça pousse, ça pousse encore. Vote bébé glisse sans effort jusqu'où il est allé plus tôt, lors d'une poussée, vous le faites avancer un peu plus, là où il n'est encore jamais allé. C'est maintenant toute la vulve qui s'étire, qui s'ouvre pour laisser venir votre bébé. Quelle chaleur intense, comme si chaque cellule s'étirait au maximum de sa flexibilité et brûlait de tant s'ouvrir. L'étirement, la souplesse et l'ouverture permettent à votre bébé de naître. Il sent maintenant, pour la première fois, la sensation de l'air sur son cuir chevelu. Et vous voyez le sommet de sa petite tête, dont vous pouvez enfin toucher les replis. Doucement, la contraction perd de sa force. Vous sentez la vague qui se calme et qui vous quitte. Le cercle de sa tête reste là, un instant encore, un instant, avant de remonter se cacher au creux de vous, laissant encore une fois les tissus se reposer, se préparer à la grande ouverture.....
Et vous vous reposez aussi. Vous ressentez peut-être encore aux lèvres le feu de cette ouverture extraordinaire. Et doucement, avec chacune de vos respirations, vous allez y porter la fraîcheur , la détente, le oui qui leur permettra d'ouvrir encore un peu plus. Ils ont été exactement conçus, ces replis, pour laisser un jour passer un bébé. Et c'est aujourd'hui qu'ils font bravement leur travail.
"Mon bébé, mon bébé, dans quelques instants seulement. Mon amour, mon bébé..."
La prochaine vague s'en vient et votre bébé commence déjà à glisser dans votre vagin. Vous sentez maintenant qu'il vous faudra alléger votre poussée, la faire si douce, si légère que vos tissus sauront s'étirer graduellement pour s'ouvrir plus grand qu'ils ne se sont jamais ouverts. Ça pousse et vous laissez la pression s'exercer toute seule, à mesure que vous soufflez, et vous haletez légèrement, quand elle se fait plus insistante. Juste pour sentir que chaque souffle fait avancer votre bébé, sans exiger trop à la fois de vos lèvres, de votre périnée, de votre vagin, qui s'ouvrent en une dernière et magnifique caresse sur tout le corps de votre bébé. Et juste comme vous pensez que vous ne pouvez plus vous ouvrir, vous vous ouvrez encore et encore et "Oh! mon Dieu! ", ce cri qui vous vient, ce cri venu du fond des temps et du fond de vous-même: c'est sa tête toute entière qui glisse à l'extérieur tandis que votre périnée laisse apparaître graduellement son front, ses yeux, son nez, sa bouche, son menton. Et il est là. Sa tête est entre vos cuisses. Déjà il s'est tourné et vous présente son profil...
Quelle vision: sa tête est tout juste émergée de vous, là, entre vos cuisses! Quel moment extraordinaire! Comme un instant suspendu entre deux mondes, entre deux éternités. Votre bébé n'est pas encore né, mais déjà il n'est plus tout à fait à l'intérieur de vous. Vous pouvez voir son visage, y toucher. Immobile, peut-être. Comme vous, suspendu, en attente, paisible, confiant. Ou peut-être a-t-il déjà commencé à bouger légèrement, à plisser le front, à bouger les lèvres. Peut-être aussi à prendre de petites respirations, à faire des petits bruits avec sa bouche. Des mains viennent l'accueillir, le soutenir et une autre poussée vient pour la dernière fois faire naître le reste de son corps. Vous suivez, attentive, son mouvement. En poussant pour qu'il glisse graduellement et doucement entre vos mains, vers vous. Une épaule, puis l'autre, et c'est tout son corps qui s'échappe, chaud, glissant, ruisselant du liquide qui le baignait encore. On vous aide à le déposer sur vous.
ENFIN!.... Enfin, il est là . Vous sentez son corps mouillé sur vous, sa chaleur, son poids. Il commence à respirer. D'un coup, peut-être, d'un cri qui dit: "Me voilà, la vie, j'arrive!"
Ou tout doucement, peut-être, progressivement. Par petits coups. Pour s'habituer au goût de l'air dans ses poumons. Sa couleur change rapidement vers un rose vibrant de vie.
Vous reconnaissez ses petits mouvements de jambes. Vous percevez enfin son odeur, une odeur du dedans de vous que vous ne sentirez sur lui qu'une seule fois. Il est là, enfin, il est là, votre bébé. Vous formez maintenant une famille, votre famille.. Prenez le temps de lui dire les mots qui vous viennent, les émotions qui vous montent directement du coeur...
Vous êtes toute occupée à découvrir votre bébé. À partager cette joie avec votre compagnon, heureux lui aussi. Avec ceux qui vous ont accompagnée dans ce voyage. Bientôt votre bébé se mettra à chercher avec sa bouche. Vous le guidez du mieux que vous pouvez, ses lèvres toutes proches de votre sein. Et, peu à peu, après avoir senti, léché, goûté votre mamelon, il le prendra dans sa bouche et se mettra à téter. Dans ce geste, la continuité de votre intimité, de votre lien physique qui se transforme. Imaginez ces premiers instants ensemble...
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Quand vous aurez eu tout le temps de laisser venir les émotions qui montent, le temps de les laisser s'exprimer, permettez à ces images de s'estomper petit à petit. Laissez-les se brouiller juste un peu, puis tout à fait. Laissez-les retourner là d'où elles viennent. Ce jour dans le futur, ce jour parfait pour la naissance de votre bébé. Ce jour où il aura atteint son poids, sa maturité, son moment à lui pour naître. Et prenez quelques instants pour parler à votre bébé maintenant, alors que vous le sentez bouger juste là, dans votre ventre... Prenez conscience du fait que chaque instant, celui-ci compris, chaque instant vous rapproche de lui et vous prépare à cette rencontre....Dans votre corps, dans votre coeur et dans votre âme...
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